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« À l'âge de 12 ans, la plupart des enfants ont été plus de fois à Disney World qu'ils ne sont montés dans un canoé »

Mac Stone, 2015

Vision

Et mes amis, j'ai fait des photos tout autour du monde et je vous promets, ce que nous avons ici dans le sud, dans le Sunshine State, défie tout ce que j'ai pu voir. Pourtant, notre industrie touristique ne met en avant que les mauvais aspects. À l'age de 12 ans, la plupart des enfants ont été plus de fois à Disney World qu'ils ne sont montés dans un canoé ou qu'ils n'ont campé sous un ciel étoilé. Je n'ai rien contre Disney ou Mickey ; j'y allais moi aussi. Mais ils ratent ces relations fondamentales qui créent un vrai sentiment de fierté et de possession envers l'endroit qu'ils considèrent comme leur maison.

Cette situation est amplifiée par ce problème : les paysages qui définissent notre patrimoine naturel et alimentent notre aquifère pour notre eau potable sont jugés effrayants, dangereux et lugubres. Lorsque nos ancêtres sont arrivés ici, ils ont dit : « Éloignez-vous de ces endroits, ils sont hantés. Ils sont pleins de mauvais esprits et de fantômes. » Je ne sais pas comment ils en sont arrivés à cette idée. Mais ça a mené à un décalage très réel, à une mentalité très négative qui a gardé le public désintéressé, silencieux, et en fin de compte, notre environnement est en danger.

Notre État est entouré et défini par l'eau. Pourtant, depuis des siècles, les marais et milieux humides sont considérés comme des obstacles à surmonter. Nous les avons traités comme des écosystèmes de seconde classe, parce qu'ils ont très peu de valeur monétaire, et bien sûr, ils sont connus pour abriter des alligators et des serpents — qui, je l'admets, ne sont pas les ambassadeurs les plus câlins.

On a donc assumé qu'un bon marais était un marais asséché. Assécher un marais pour faire de la place à l'agriculture et au développement était considéré comme l'essence même de la conservation il n'y a pas longtemps.

Mais nous faisons marche arrière, parce que plus nous en apprenons sur ces paysages détrempés, plus nous commençons à en découvrir sur les relations entre espèces la connectivité des habitats, des bassins hydrologiques et des voies de migration. Prenez cet oiseau par exemple : c'est la Paruline orangée. J'aime cet oiseau parce qu'il est en tous points un oiseau des marais. Ils font leurs nids, s'accouplent et se reproduisent dans ces vieux marais, dans ces forêts inondées. Après avoir élevé leur progéniture, ils parcourent des milliers de kilomètres au-dessus du golfe du Mexique, jusqu'en Amérique Centrale et Amérique du Sud. Et après l'hiver, le printemps redémarre et ils reviennent. Ils survolent pendant des milliers de kilomètres le golfe du Mexique. Et où vont-ils ? Où atterrissent-ils ? Directement dans le même arbre. C'est dingue. Cet oiseau fait la taille d'une balle de tennis — je veux dire, c'est fou ! J'ai utilisé un GPS pour venir ici aujourd'hui, et c'est ma ville natale.

C'est dingue. Que se passe-t-il donc quand cet oiseau survole le golfe du Mexique vers l'Amérique Centrale pour l'hiver, puis le printemps revient, il fait le chemin inverse, et il revient vers ça : un terrain de golf fraîchement tondu ?

Opportunité à saisir

C'est un récit au dénouement bien trop commun ici, dans cet État. Ce processus naturel existe depuis des milliers d'années et nous venons tout juste de le découvrir. Vous imaginez tout ce que nous avons à apprendre de ces paysages si nous les préservons d'abord. Malgré la richesse de tout cette vie qui abonde dans ces marais, ils ont toujours une mauvaise réputation. Beaucoup de gens ne sont pas à l'aise à l'idée de barboter dans les eaux noires de la Floride. Je peux le comprendre.

Mais ce que j'ai aimé en grandissant dans le Sunshine State, c'est que beaucoup d'entre nous vivons avec cette peur latente mais très palpable que lorsque nous trempons nos orteils dans l'eau, il pourrait y avoir quelque chose de bien plus ancien et de bien plus adapté que nous. Savoir que nous ne sommes pas les meilleurs est une gêne bienvenue, je trouve

Combien de fois, dans cet âge moderne, urbain et digital, avons-nous la chance de nous sentir vulnérables, ou de considérer que le monde n'aurait pas été fait seulement pour nous ?