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Okeechobee

Je voulais que cette histoire commence au lac Okeechobee, le cœur du système des Everglades.

D'une surface de 1,900km², ce lac peu profond regorge de ressources pour tout l'éco-système.

Pour ce faire, j'ai choisi un ambassadeur, une espèce iconique. C'est le milan des marais. C'est un bel oiseau, et ils étaient des milliers à faire leur nid dans les Everglades du nord.

Ils sont descendus à environ 400 couples aujourd'hui. Et pourquoi ça ? C'est parce qu'ils ne se nourrissent que des escargots Ampullariidae, un gastéropode aquatique de la taille d'une balle de ping-pong.

Alors que nous avons commencé à construire des barrages, à endiguer le lac Okeechobee et à assécher les marais, nous avons perdu l'habitat de l'escargot. La population de milans a donc décliné.

« Je voulais une photo qui communiquerait le rapport entre le marais, l'escargot et l'oiseau. »

Mac Stone, 2015

J'ai donc planché sur cette idée. J'ai commencé à dessiner ces plans pour faire une photo, et je les ai envoyés au biologiste de la faune d'Okeechobee — c'est un oiseau menacé, donc il faut une permission spéciale. J'ai construit cette plateforme qui maintiendrait les escargots à la surface de l'eau. J'ai passé des mois à planifier cette idée folle.

J'ai amené cette plateforme au lac Okeechobee et j'ai passé plus d'une semaine à patauger, de l'eau jusqu'à la taille, neuf heures par jour, de l'aube au crépuscule, pour prendre la photo qui pourrait communiquer cette impression. Voici le jour où ça a enfin fonctionné :

« Il y a une espèce que l'on ne peut s'empêcher d'aimer, et c'est la spatule rosée »

Mac Stone, 2015

Spatules rosées

Au départ, ils étaient des milliers de couples dans la baie de Floride, et au début du 20e siècle, ils étaient descendus à deux — deux nids. Et pourquoi ? Parce que les femmes les trouvaient plus jolis sur leurs chapeaux qu'à voler dans le ciel. Puis nous avons banni le commerce des plumes, et leur nombre a commencé à se rétablir. Tandis que leur nombre se rétablissait, les scientifiques ont fait attention, ils ont commencé à étudier ces oiseaux.

Voici ce qu'ils ont trouvé : le comportement de ces oiseaux est intrinsèquement lié au cycle annuel de retrait de l'eau dans les Everglades, la chose qui définit le marais des Everglades. Ils ont découvert que ces animaux faisaient leur nid en hiver à la descente des eaux, parce que ce sont des mangeurs tactiles — ils doivent toucher ce qu'ils mangent. Alors ils attendent ces groupements concentrés de poissons pour s'approvisionner pour nourrir leurs petits. Ces oiseaux devinrent l'icône même des Everglades — une espèce indicatrice de la santé globale du système. Alors même que leur nombre croissait au milieu du 20e siècle — montant jusqu'à 900, 1000, 1100, 1200 — à ce même moment, on a commencé à assécher le sud des Everglades. Nous avons empêché les deux-tiers de cette eau de descendre vers le sud. Les conséquences ont été drastiques.

Alors que ces nombres avaient commencé à atteindre leur pic, malheureusement, aujourd'hui, la vraie histoire de la spatule, la photo qui montre la réalité ressemble plutôt à quelque chose comme ça. Nous sommes à moins de 70 couples dans la baie de Floride aujourd'hui, parce que nous avons tant perturbé le système. Toutes ces différentes associations s'écrient : « Les Everglades sont fragiles ! Elles sont fragiles ! » Elles ne le sont pas. Elles sont résistantes. Parce qu'en dépit de tout ce que nous avons pris, fait et asséché, et endigué, et dragué, des bouts du marais sont toujours là, attendant d'être rassemblés.